mardi 24 août 2010

Il faut bien rentrer... (Haïti)

Ce sera donc le dernier billet concernant ce voyage qui s'est avéré bien plus facile que sur le papier. Je ne mettrai les photos qu'à mon retour, en France, car je vais à l'aéroport à 13 heures. Il me reste que peu de temps pour profiter de Santo Domingo. Je dois reconnaître que tenir un blog prend du temps et de l'énergie mais c'était là aussi une belle expérience. Je suis un peu fatigué et les derniers moments seront vécus en égoïste.

J'ai quitté Jérémie, ce dimanche, à 5 heures du matin, en me disant que le temps passé ici avait été trop court. Je regrette de ne pas avoir pu voir Rolphe et Geneviève de Corail, mais c'est sûr, ce sera pour la prochaine fois, et pas dans 7 ans ! Parce qu'évidemment, aussi, la Grand'anse offre d'autres possibilités. On peut se rendre à Dame-Marie ou Anse d'Hainault, face à la Jamaïque.
Au départ, plusieurs possibilités pour joindre Port au Prince se présentaient mais le choix de la moto-taxi jusqu'aux Cayes puis le bus jusqu'à la capitale a été dicté par la nécessité et aussi par l'envie. J'aurais pu prendre l'avion (Compagnie Tortugair, 115$ aller simple) mais les vols de samedi et dimanche étaient complets. Alors je me suis rabattu sur le bus (500 gourdes) mais là, les horaires ne me convenaient pas : départ vers 16 heures pour une arrivée vers 3 heures du matin à Port au Prince. Je préfère arriver tout de même pas trop tard pour profiter d'une dernière soirée à Jérémie et d'une autre, avec Marie à Port au Prince. Le voyage peut s'avérer difficile, car long, (voir pages sur Carrefour) mais il me semble que lorsqu'on est jeune et en forme, il se fait, pour le moins! C'est aussi une bonne manière de connaître les Haïtiens. D'autant plus qu'on peut prendre une place dans la cabine du chauffeur. C'est plus cher mais plus confortable. Enfin, si quelqu'un vous trouve une rou lib, comme ils disent ici, c'est à dire une place dans une voiture qui fait le voyage.

Photo 1: Les bus Dieu qui décide vous porteront à la capitale.




J'ai donc pris la dernière option possible, que Geneviève et Jean-Bart m'avaient conseillée. J'avais, en plus envie, de revoir le paysage des mornes au petit matin, au pied du massif de Macaya, sur une route quasi-déserte, à la fraîche et ainsi avoir la possibilité d'attraper un bus qui me faisait arriver à destination, pour le début de l'après-midi. Le choix du pilote est important. Sur place, n´hésitez pas à demander. Pour 1250 gourdes, on vous porte aux Cayes, plus 200 gourdes de bus. Faites juste attention à vos bagages qui vont sur le toit. Je n'ai pas pu attraper le bus climatisé car nous sommes arrivés un peu trop tard aux Cayes. Sur le chemin, on s'est arrêté régulièrement. Le pilote a pas mal de connaissances (au sens féminin du terme) et peu avant Camp Perrin, une courte, mais intense, averse nous a obligés à nous mettre à l'abri. Je dois reconnaître que mes adducteurs ont un peu souffert sur le moment. Et pour plaisanter avec mon pilote, au moment de lui demander en urgence de stopper.
-Arrêtez, arrêtez...
-...
-Ouf, j'ai une petite douleur.
-Où ca ?
-Bon, c'est là (en m'étirant, une fois sur mes deux jambes).
-C'est les "graines"? (traduction "littérale" du créole, mais toute la conversation se fait en créole. Enfin, en ce qui me concerne, je mélange du français et un créole rudimentaire).
-Et vous savez que c'est une importante chose !

Reconnaissons, que dans un premier temps en suivant, il a fait preuve d'une réelle prévenance.

De retour, à Port au Prince, Marie m'attend. Le temps d'une petite pause, on se raconte nos péripéties. La semaine de cours qu'elle a donnée avec l'agence universitaire de la francophonie, s'est très bien passée. Les étudiants ravis, elle aussi. Elle reviendra dans peu de temps. Elle vient de publier sa thèse: Des îles en partage (aux Presses universitaires d'Haïti et Presses universitaires du Mirail), qui traite aussi du cas de Timor et de Saint-Martin. Je l'achète en rentrant car les exemplaires pour Haïti, ne sont pas encore arrivés. On repart à Pétionville pour acheter des peintures dans la rue. Là aussi, je n'ai pas eu (ou pris) le temps d'aller visiter les nombreuses galeries et, en ce jour de saint repos dominical, elles sont fermées pour la plupart. Marie fait un carton plein et nous enchaînons avec une soirée au Quartier latin, un resto-bar, place Boyer, qui s'adresse à une clientèle qui peut payer des tarifs de pays développés. Gros décalage d'autant plus, que de l'autre côté de la clôture se trouve un camp de tentes.
On pourrait dire beaucoup de choses sur l'aide humanitaire, qui submerge le pays, et pas forcément que des positives. Les prix, de location d'appartement ou maisons se sont envolés. L'arrivée de grosses ONG, au budget "illimité" met à mal le travail entrepris par des ONG plus modestes, qui travaillent sur le long terme. Surtout, on peut se demander comment le secteur médical national va sortir de cette crise (voir l'article "En Haïti, quand le remède peut tuer le médecin" dans Le Monde, du 23 Juillet 2010, d'Alain Deloche, chirurgien, Président de la Chaîne de l'espoir). C'était une partie du secteur privé, qui, à une certaine échelle, marchait dans le pays. J'espère que cela ne subira pas le même sort que la culture du riz, par exemple, dans les années 80-90. On peut s'interroger sur le rôle des politiques locaux mais aussi internationaux. Si tout le monde se précipite ici, c'est que les intérêts, au delà de l'urgence et de la solidarité indéniables, dépassent probablement le pays.
Les trois prestiges me font tourner la tête, pour Marie c'est le rhum, Barbancourt bien sûr (probablement un des meilleurs). Elle appelle un moto-taxi par téléphone (en arrivant le mieux est de s'acheter un portable, pour pas cher, et de se constituer un petit annuaire de gens sur qui on peut compter ) et on rentre. Je suis cuit.

On se sépare le lendemain matin (mais on se reverra ! merci Manu) et je file à la station de bus, non sans me rappeler les lambis (crustacés) de Jean-Bart et jeter des coups d'oeil furtifs (hum, le furtif peut être parfois plus long) sur les femmes d'ici. Elles sont si gracieuses !

Il faut bien partir. Je refais l'itinéraire de l'aller, en sens inverse (forcément...) et me voilà débarquant à Santo Domingo. J'attends quelques minutes Dolores, de la pension, au colmado du coin, avec une presidente et une dulce de leche... un petit tour nocturne en ville, très bref, et m'endors avec de la bachata en berceuse, tel... qui a fait un beau voyage.

Photo 2: Avouez! Vous vous demandiez bien ce que je pouvais faire tout seul, sans rien dire à personne, dans les rues de Santo Domingo.




Photo 3: J'ai trouvé la caverne d'Ali-Baba, remplie de dulce de leche. Certaines connaissent ma petite faiblesse.


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