vendredi 20 août 2010

Les Abricots, le paradis pour qui...

Imaginez à 32 kilomètres à l'ouest de Jérémie, après une heure de temps en 4x4, ce mardi 17, une belle anse, de près d'un kilomètre, avec un petit village de pêcheurs, posé pratiquement sur la plage, c'est Les Abricots. Bien sûr, la route pour y parvenir n'est pas encore parfaite mais au moins jusqu'à Trou-Bonbon, elle file. Ensuite, c'est vrai que c'est un peu plus compliqué. Il faut parfois s'arrêter pour rétrograder en première, et l'ultime partie, qui descend vers le village est un peu chaotique. Mais le temps de parcours a été réduit de moitié en quelques années. C'est de toute façon un plaisir de regarder le paysage parsemé de petites cases entourées de leur jardin. Ici, les jardins potagers sont constitués aussi d'arbres ! manguier, cocotier, bananier, arbre véritable...

Photo 1: Monsieur fait son potager, l'arbre véritable.


La récompense est au bout et la petite maison, sur la plage, sous les cocotiers et les amandiers, que Juliette a transformée en annexe de son auberge de Jérémie, est très accueillante avec ses volets rouges.

Photo 2: Vous aurez compris que je suis dans l'eau... et que dormirai cette nuit, là, en face!



Premier objectif, un bain et les 8 mètres qui me séparent de l'écume. On rentre évidemment sans difficultés (enfin, il y aura toujours des frileux pour se plaindre!) tant l'eau est chaude. Il y a peu de vagues, l'ensemble est calme en cette fin de journée. Des garçons du village nous abordent pour jouer et parler. Alors, bien sûr, je joue... à la balle avec eux, dans l'eau. On passe un moment et je leur propose, pour terminer, d'être mes guides pour une balade dans la campagne ou les mornes alentours. Ce sera pour le lendemain ou plus tard.
Le village semble l'objet d'une énergie croissante qui s'explique par la proximité, dimanche, le 22, de la fête du saint patron local.

Photo 3: Devant l'église des Abricots. Il fait déjà chaud, en cette fin de matinée et il faut bien que je trouve des raisons de me plaindre.


La veille y est journée de fête, la plus attendue et importante de l'année. Juliette nous fait rencontrer le maire qui est un ami à elle, Jean Claude Fignolé, à qui on doit une très grande partie des progrès réalisés dans le village et sur la route ces derniers temps. C'est quelqu'un de doux, gentil et attentionné. On prend le temps de discuter sous les amandiers : on évitera les cocotiers et surtout les noix qui peuvent s'en détacher !!! Forcément, la tête est la partie du corps à laquelle je tiens probablement le plus !

J'écoute le "magistrat", comme les Abricotins l'appellent, qui est aussi un écrivain internationalement connu (Les possédés de la pleine lune ou Aube tranquille pour les romans dont l'action se déroule aux Abricots.), notamment quand il raconte certains de ses souvenirs d'école. Son prof leurs demandait de traduire des poèmes en latin pour la semaine suivante, puis du latin, de traduire à nouveau en grec, pour la fois suivante. Il ne se gênait d'ailleurs pas pour discuter dans la langue d'Hérodote, avec son collègue devant les élèves. Pour la semaine, il a réussi à faire venir Amélia, la directrice du Centre culturel brésilien de Pétionville, pour une programmation de cinéma brésilien (naturellement). J'ai pu découvrir L'Orphée noir, de Camus, en compagnie des petits Abricotins, attentifs.
Mais il ne faudrait pas croire que tout est facile ici. La commune a subi elle aussi les conséquences du tremblement de terre en accueillant de nombreux réfugiés, triplant ainsi sa population, sur un territoire qui a déjà du mal à nourrir ses habitants. Pour cela voir l'association Solidarité internationale, et son blog . Thalassa sur France 3 avait fait également un beau reportage. Alors le paradis ici c'est peut être pas pour tout le monde.
Enfin, je suis heureux d'avoir revu Mica, qui habite aussi aux Abricots, depuis plus de 35 ans, dont l'action, au paradis des indiens, est également très importante, pour ne pas dire plus.
Toujours pleine d'énergie et de créativité, elle me montre les dernières nappes, et notamment, celles dans les tons bleus, que Patrick, son mari, aimait. J'en profite pour en acheter ainsi que des porte-clés qui sont fabriqués ici et qui sont le produit d'un travail soigné. Les ateliers font vivre de nombreuses familles.

Photo 4: Une des nappes de Mika.


Il faut bien quitter cet endroit mais hier en partant, j'ai dit à Juliette, qui y reste encore un peu, que je reviendrai ce soir pour une dernière soirée. Je ferai l'aller-retour en moto-taxi, encore...

Je ne serais pas complet si je ne parlais pas de la visite avec mes trois petits guides de la campagne en amont de la plage, remontant la vallée, au milieu des champs de canne à sucre et des petites cases que j'ai évoquées plus haut.

Photo 5: Sur le chemin, dans la campagne.



Photo 6: Un exemple de cases. Certaines sont plus colorées.


Ils m'ont emmené voir les restes d'une sucrerie de l'époque coloniale (début 18eme siècle). L'ensemble (ce qu'il en reste, pas grand chose) est envahi par la végétation. Ici, les restes de la colonisation ont toujours évoqué pour moi les restes antiques de nos contrées. Quelque chose de loin, mais de très conséquent dans nos identités.

Photo 7: Les trois petits guides devant les restes de la sucrerie. Je ne me rappelle pas de leurs prénoms, malheureusement et honteusement, mais celui de gauche portait un chasuble de Digicel car le téléphone portable passe jusqu'ici (finalement pas là!) et il se balade avec un portable que quiconque peut utiliser en payant... Au fond, l'éclairage public, alimenté par panneaux solaires.


Cette commune est un lieu propice pour faire d'innombrables photos, même si je n'ai pas toujours osé prendre ce que j'aurais aimé, notamment ces cases colorées parce que leurs galeries sont un lieu de vie et d'ouverture sur l'extérieur. Il y avait donc très souvent quelqu'un, posté. Peut être ai-je manqué d'un peu de panache ! Je n'en publierai pas plus, là.

5 commentaires:

  1. une question , quel est l'origine du nom des abricotiers , je suppose que ce n'est pas une culture du coin ?

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  2. Les indigenes croyaient qu'apres leur mort ils iraient vivre au bout de la presqu'ile du Sud ou le mamey abonde, ou il est gros, juteux, succulent et parfume. Le mamey que nous appelons aujourd'hui abricot, est un fruit indigene dont Ia couleur est, en effet, d'un abricot rougeatre. Sa pelure est brune, epaisse et suivie d'une fine membrane presque blanche. On fait de ce fruit une marmelade et une confiture egalement esquises. (Forum Haiti : Des Idées et des Débats sur l'Avenir d'Haiti)


    «... Fruit de Mammea americana L.On appelle abricot à Saint Domingue un fruit de la grosseur d'un ballon, qui n'a de notre abricot que la couleur. Il a 3 noyaux un peu plus gros qu'un oeuf de pigeon, ceux-ci sont bons pour faire passer le farcin aux chevaux. L'arbre qui porte ce fruit est un bel arbre; sa feuille ressemble à celle du laurier. Attesté depuis le 18ème siècle. (Le fruit appelé par eux mamei et par nous abricot de Saint-Domingue ;Le Pers, f.38v°;1797 Le monstrueux abricot, Moreau 435)...»
    Richesses du français et géographie linguistique, Volume 2  Par André Thibault,Pierre Rézeau

    J'espère que la réponse te conviendra. Le fruit est davantage apprécié par les haïtiens en confiture.

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  3. Le villages des Abricots portait le nom quand je l'ai connu en 95 de "Paradis des Indiens " la légende dit que les Indiens pensaient que leur âmes allaient dans ce petit coin de l'île d'où le nom de Paradis des Indiens. Depuis le panneau n'existe plus et le village s'appelle les Abricots. Je connais bien ce coin. Avec mon association (VSF) nous travaillons comme bénévoles depuis 1995 en partenariat avec la populations et bien entendu Mica qui elle œuvre depuis 40 ans dans le village et la Grand'Anse ! Nous essayons de financer des projets via la fondation "Paradis des Indiens. Juliette n'était pas encore ni aux Abricots, ni à Jérémie, Nous parrainons entre autres des élèves de l'école de Mica, dont le nom fut choisi par les élèves eux-même : »Paradis des Indiens » sans parler des écoles des mornes et si désirez mieux nous connaître voici notre blog : http//vetements-sans-frontiere.over-blog.org
    Mes amitiés........attention le village n'est un paradis que si vous ni vivez pas, car la vie est difficile là-bas.
    Marie Madeleine Girodias
    Présidente de VSF

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    1. Je suis d'accord avec vous : la vie est bien difficile pour ceux qui habitent l'endroit.

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  4. J'aimerais bien y aller un jour.. Surement un jour

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