jeudi 28 octobre 2010

Santa Cruz de Tenerife (Canarias).

On ne se rend pas au Pico de Teide, aux Canaries depuis Toulouse, comme on peut le faire pour une ascension pyrénéenne, forcément. On ne fait pas l'ascension d'une montagne même avec une telle personnalité sans occulter l'environnement et le pays qui l'entourent, là aussi, évidemment. En tout cas pour nous. J'y ai été d'autant plus sensible que nous avions tous les deux l'image d'une île de Tenerife (Toponyme d'origine amazighe -dans cette langue berbère, Tin Irifi signifie « endroit de la soif »-), obnubilée par le tourisme de masse, ne sachant pas trop à quoi nous attendre. Ce dernier est bien présent mais c'est à chacun de s'en accommoder et surtout de l'éviter. Ce que nous avons fait.

Donc, rendez-vous en voiture, en écoutant Bebe,


pour se mettre dans l'ambiance ibérique, à l'aéroport de Gerone, en Catalogne espagnole, pour s'envoler avec Ryanair. Visite nocturne dans cette ville, de l'étonnant (pour les incultes comme moi) vieux centre (Barri Vell) et sa place harmonieuse devant la cathédrale Santa Maria.

Le volcan est déjà là, au bout de trois heures, depuis le hublot, chaperonnant de sa masse toute l'île. Nous atterrissons sur l'aéroport sud de l'île, après le retentissement du coup de clairon, dans la cabine (oléee...). Situé à environ une heure de bus (6 euros et quelques et un bus toutes les demi-heures) de la capitale provinciale, nous nous rendons à Santa Cruz de Tenerife pour passer la première nuit avant d'envisager le volcan (point culminant de l'Espagne, tout de même!).

L'arrivée dans l'île puis la ville me fait penser immédiatement à l'Andalousie, avec les maisons blanches ou colorées, la lumière quelque peu aveuglante. L'accent des habitants, qui semble avaler les syllabes finales, lorsqu'on se précipite au marché de Nuestra Siñora de Africa, pour manger des empanadas, me conforte dans cette impression, même si mon niveau d'espagnol ne me permet pas encore toujours de nuancer réellement.

Photo 1 : Au fond, l'église Nuestra Siñora de Africa, en plein milieu de la profusion de fruits tropicaux du marché. Taganana est située derrière l'ultime ligne de crête.



Pour ne rien oublier, j'ai englouti aussi une pâtisserie, dénommée Tocino de cielo, bien sucrée avec sa couche supérieure à base d'oeuf, ressemblant au dessus d'une crème brûlée, mais molle, avec sa madeleine en-dessous. Cela m'a fait penser à une pâtisserie dégustée il y a quelques années à Malaga.

Photo 2 : Le choix pour les empanadas: poulet pour Claire et viande pour moi.


Et pourtant, les formes de reliefs très découpées, en fines crêtes, sur une partie, en arrière plan de la ville, le substrat volcanique, de couleur noire qui se retrouve jusque dans les matériaux utilisés pour la construction des bâtiments, nous rappellent qu'effectivement l'Espagne continentale est assez loin. Le continent africain, à à peine plus de cent kilomètres à l'est est moins éloignée. Il évoque aussi l'île de la Réunion. Pourtant...pourtant. Tout n'est pas perceptible de prime abord.

Nous filons alors poser nos affaires, à la pension Casa Blanca, calle Vieja y Clavijo, dans le centre, où j'avais réservé quelques jours plus tôt. L'accueil quelque peu nonchalant du patron, me rappelle l'attitude de certains caribéens. J'adopte donc ma tactique habituelle sans me forcer, ni me démonter : je souris et je fais ce que je veux dans le respect et la discrétion, naturellement de tout façon. Bien sûr ça marche. La gentillesse des gens est de toute façon évidente. Donc, je me sens à l'aise tout de suite... Nous sommes en voyage et pas là pour stresser...

Photo 3 : On ne stressera pas à la pension Casablanca.


L'après-midi nous emporte dans le centre ville, vers la place d'Espagne, descendant directement par les petites rues piétonnes, traversant l'itinéraire de la ligne de tramway (eh oui) qui relie le bas (le centre de l'activité de la ville) et le haut, plus résidentiel. Il fait faim mais les boutiques diverses nous retiennent un peu de temps au passage, histoire d'hésiter devant un tee-shirt, copie d'un maillot de l'équipe de foot-ball des Pays-bas à l'effigie du célèbre numéro dix, "Van Aperder". Enfin, nous trouvons ce qui nous convient. Claire veut manger équilibré sans déroger à la culture gastronomique locale, alors :
- Una tortillita, señora?
- Heuu, si, si...
Et voilà, une tortilla pour vingt...!!!
L'ensemble du centre de la ville est parsemé de parcs, plus ou moins grands, que nous découvrirons au fur et à mesure. Les rues sont ombragées par des rangées... mais non... Je ne rêve pas! des flamboyants (enfin, je ne crois pas mais ça y ressemble fortement) dont il ne reste que quelques fleurs car ce n'est plus la saison. Mais cela ajoute à la confusion des sens. Des neiges saisonnières du pico de Teide, on passe à la végétation de type tropical. Sous quel climat sommes-nous?

Photo 4 : Oui, je vous le demande: sous quel climat sommes-nous? Il faisait bien bon. On n'a pas eu l'impression que les gens se couchaient tard. Mais c'était appréciable de voir des réunions de mamies sur les terrasses ou les bancs publics en soirée. (photo de Claire)


Nous passons un moment à chercher une librairie qui propose des livres en français. Ainsi, j'ai le temps de regarder les livres sur l'archipel et en même temps de le découvrir davantage dans la première qu'on nous indique, La Isla, où le dernier jour je craquerai pour un beau livre plein d'images et surtout un Gran atlas tematico de Canarias! Le maillage serré des librairies du centre nous pousse vers une librairie des femmes (c'est le nom en espagnol), une librairie Le petit coq (en français, mais pour enfants...), une autre où j'achète une carte au cinquante millièmes pour enfin trouver celle qui nous convient, calle Porlier.

Entre temps, nous serons allés visiter l'église de la Conception, de style baroque et toscan, au plafond de bois, construite en roche volcanique, puis crépie de blanc, le long de la rivière asséchée descendant des collines. Se situant sur le site du premier édifice construit par les conquistadors, au milieu d'un quartier ancien aux maisons colorées, l'ambiance en cette après-midi est ...comment dire, spirituelle, culturelle! Mince, en ce lundi, c'était la fermeture hebdomadaire des musées. Pas de chance. Vous nous croyez?

Photo 5 : Au fond, à droite, l'église de la Conception.


Mais il fait chaud et on a soif. Nous résistons à l'envie de nous arrêter dans le pub irlandais de la place voisine pour remonter vers le haut de la ville et nous contenter d'acheter une bouteille d'eau dans un petit supermarché. La mondialisation ne nous a pas influencés... Un petit regard dans le magasin de souvenirs voisin : Claire est tentée par un magnifique volcan en plastique noir, kitchissime, à trois euros... Non c'est pas vrai.
Le bas de la ville est quelque peu décevant car il est coupé de l'océan par le port, vaste, qui bouche l'horizon et le boulevard urbain qui le longe. Du coup, on ne trouve pas de grandeur dans l'alignement d'immeubles résidentiels et des bâtiments officiels qui sont là. C'est dommage, car il y a un bassin avec des murs de verdure. Et en cette fin d'après-midi, l'animation monte doucement avec la réouverture de la plupart des magasins. La mairie semble avoir compris. Des panneaux indiquent un projet de réappropriation piétonnière des lieux par des sortes de tunnels pour les voies de circulation automobile. Cela n'empêche néanmoins pas les joggers de s'enflammer à la vue des crêtes découpées et déchiquetées au nord, vers San Andres.

Photo 6 : La façade portuaire de la ville et les ferries prêts à partir vers les autres îles et surtout vers las Palmas sur Grand Canaria.


Finalement, après cette après-midi bien dense, nous échouons au café atlantico, devant le bassin aménagé, entre l'Alameda Duque Santa Elena et la place d'Espagne. C'est un lieu de rendez-vous agréable, lieu de passage important : ce qui me permet, non de regarder les jolies passantes, mais un magnifique dégradé de lévriers marrons, tenus en laisse par leur propriétaire. Puisque on est là en voyage, il faut en profiter pour déguster la gastronomie locale et donc en guise d'apéro un petit vino tinto, accompagnant un plat de papas arrugadas con mojo (c'est la sauce, huile d'olive, piments, cumin, aïl.... aïe, aïe, aïe, c'est délicieux).

Photo 7 : Tout ça pour dire que Claire est aussi patiente car je l'ai traînée ici tous les jours passés à Santa Cruz. Et tous les jours, on a commandé les papas (et non patatas) arrugadas con mojo. Et, comme on peut le comprendre légitimement, je pense qu'elle s'est un peu lassée des pommes de terres... La Dorada est la bière locale. Devinez où j'étais assis?



Nous sommes pleins (l'estomac, je veux dire), et nous pouvons donc aller manger! Voilà, je ne vais pas vous faire croire que Santa Cruz est la plus belle ville du monde. Mais on s'y est sentis à l'aise. Et de voir des choses aussi jolies et intéressantes, de fréquenter certains mêmes lieux, certains mêmes serveurs (...) nous ont donné l'impression de vivre un moment familier. Et pour ça aussi c'était bien.

2 commentaires:

  1. "de jolies et intéressantes choses"
    je vois , je vois
    VIVA SANTACRUZ !

    RépondreSupprimer
  2. "de jolies et intéressantes choses"
    végétales? animales?... sculpturales?
    SANTACRUZ ...ouais...boff!

    RépondreSupprimer